UTMB 2025 : une semaine hors norme au cœur du trail mondial
Une édition marquée par les éléments
Fin août, Chamonix a de nouveau vibré au rythme de l’UTMB Mont-Blanc. Pendant une semaine entière, les coureurs du monde entier se sont retrouvés pour célébrer ce rendez-vous unique, devenu la référence mondiale du trail. Mais cette édition 2025 n’a rien d’ordinaire : pluie glaciale, bourrasques de vent, neige sur les cols… la météo a mis à rude épreuve les athlètes et les organisateurs. Plusieurs parcours ont dû être adaptés en urgence, mais rien n’a pu entamer la ferveur des coureurs et du public.
Crédit photo : UTMB
UTMB (171 km / 10 000 m D+) : Tom Evans et Ruth Croft au sommet
La course reine est partie dans une ambiance presque apocalyptique : pluie battante, sentiers transformés en torrents, blizzard nocturne. Malgré tout, Tom Evans a écrit l’une des grandes pages de sa carrière. Le Britannique s’impose en 19 h 18 après deux années marquées par des abandons. Patient, solide, il a parfaitement géré son effort dans la tempête et signe sa revanche sur Chamonix. Derrière lui, l’Américain Ben Dhiman (19 h 51) et un autre Britannique, Josh Wade (20 h 05), complètent le podium.
Chez les femmes, l’histoire est tout aussi forte. Après avoir terminé deuxième l’an passé, la Néo-Zélandaise Ruth Croft décroche enfin la victoire en 22 h 56. Elle devient la première femme à avoir gagné l’OCC, la CCC et l’UTMB : un triplé historique. Derrière elle, la Française Camille Bruyas (23 h 28) offre un podium à la maison, suivie de l’Allemande Katharina Hartmuth (24 h 16). La tenante du titre, Courtney Dauwalter, a longtemps été aux avant-postes avant de céder sous le froid ; elle termine 10ᵉ en 25 h 50.
Cette édition restera aussi marquée par l’abandon de François D’Haene, quadruple vainqueur, contraint de s’arrêter dès le 72ᵉ km.
👉 Chiffres clés :
2 492 partants, 1 664 finishers (33 % d’abandons)
13 % de femmes au départ
un doyen de 70 ans parmi les finishers
dernier arrivé en 47 h 04, juste avant la barrière horaire
CCC (100 km / 6 100 m D+) : densité exceptionnelle et suspense
Vendredi, la CCC a livré l’une des courses les plus relevées de la semaine. Chez les hommes, l’Italien Francesco Puppi a fait parler sa science de la montagne pour s’imposer en 10 h 06, signant le deuxième meilleur chrono de l’histoire. Il devance l’Américain David Sinclair (10 h 13) et son compatriote Drew Holmen (10 h 16).
Côté féminin, la bataille a été d’une intensité rare. La Polonaise Martyna Młynarczyk s’impose en 11 h 41 min 55 s, avec seulement… 18 secondes d’avance sur la Norvégienne Sylvia Nordskar (11 h 42 min 13 s). L’Espagnole Anna Tarasova complète le podium en 11 h 44. Trois athlètes regroupées en moins de trois minutes, du jamais vu à ce niveau.
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TDS (145 km / 9 100 m D+) : un triplé français et une première américaine
Partie dans la nuit de lundi à mardi depuis Courmayeur, la TDS a offert son lot de rebondissements. Les favoris ont vite explosé, et c’est finalement Antoine Charvolin qui s’impose en 18 h 22, devant Gautier Airiau (18 h 28) et Léo Rogaume (18 h 39). Un podium 100 % français, ce qui n’était plus arrivé depuis plusieurs années.
Chez les femmes, les abandons des favorites ont ouvert la voie à l’Américaine Careth Arnold, victorieuse en 22 h 58. Elle devient la première Américaine à inscrire son nom au palmarès de la TDS. La Belge Hélène Dassy prend la 2ᵉ place (24 h 23), et la Française Élise Delannoy complète le podium en 25 h 18.
OCC (55 km / 3 500 m D+) : Walmsley et Chepngeno au sprint
Jeudi, l’OCC a été marquée par un tracé allongé à 61 km pour éviter des zones inondées. Chez les hommes, Jim Walmsley a dû s’arracher pour l’emporter en 5 h 00 min 35 s. À 1 km de l’arrivée, il était encore derrière l’Italien Cristian Minoggio, finalement deuxième à 20 secondes seulement. Le Polonais Andrzej Witek prend la 3ᵉ place en 5 h 04.
Chez les femmes, la Kényane Joyline Chepngeno a frappé fort. Déjà connue sur le circuit montagne (double vainqueure de Sierre-Zinal), elle réussit sa première incursion sur ultra avec une victoire en 5 h 34. Elle devance la Chinoise Miao Yao (5 h 35) et la Suissesse Judith Wyder (5 h 38).
PTL (~300 km / 25 000 m D+) : l’aventure à l’état pur
La PTL reste une course à part : 300 km en autonomie, sans classement officiel. Cette année, 119 équipes ont pris le départ et 89 ont rallié Chamonix, un taux de réussite exceptionnel vu l’ampleur du défi. Les frères suisses Candide et Jules-Henri Gabioud bouclent le parcours en 78 h, loin devant leurs poursuivants. À noter aussi la performance de l’équipe Aravissantes, seule formation 100 % féminine, qui termine en 145 h après plus de six jours d’effort.
Une semaine qui restera dans les mémoires
Avec ses tempêtes de pluie et de neige, ses podiums bouleversés et ses histoires humaines, l’UTMB 2025 restera comme l’une des éditions les plus intenses de ces dernières années. Les élites ont écrit de nouvelles pages d’histoire : Tom Evans et Ruth Croft en rois de Chamonix, Joyline Chepngeno révélée à l’international, un triplé français sur la TDS. Mais au-delà des champions, ce sont aussi les milliers d’anonymes qui ont animé les sentiers, porté par la ferveur unique du Mont-Blanc.
Chamonix referme une semaine hors du temps, déjà tournée vers l’édition 2026.