UTMB 2025 : une édition historique entre duels et incertitudes
L’UTMB revient à Chamonix pour écrire un nouveau chapitre de son histoire. L’édition 2025 s’annonce déjà mémorable : des chiffres record, un plateau d’élites d’une rare densité et une montagne à la fois grandiose et imprévisible.
Le départ de l'UTMB à Chamonix. (F. Oddoux/UTMB)
Des chiffres records
561 élites engagés, un record absolu, avec un indice moyen de 526.
42,8 % de femmes dans le peloton élite.
42,8 ans, l’âge moyen des coureurs sur l’épreuve reine depuis ses débuts.
La course principale : quête de légende et concurrence ouverte
François D’Haene vers une cinquième étoile
À 38 ans, François D’Haene vise une cinquième victoire, un exploit inédit chez les hommes. Sa préparation a été impressionnante : 300 000 m de dénivelé positif en ski de randonnée, une 5ᵉ place à la Pierra Menta et une victoire en Roumanie. Sa cheville, autrefois source d’inquiétude, semble désormais pleinement rétablie. Habitué aux conditions alpines les plus rudes, installé à proximité de Chamonix, il pourrait profiter d’une météo difficile là où d’autres favoris seraient pris au dépourvu.
Une concurrence masculine dense et imprévisible
L’absence de certaines figures emblématiques ouvre la voie à un scénario incertain.
Tom Evans, méthodique, s’appuie sur un travail analytique approfondi avec Enduraw data.
Jonathan Albon, outsider solide, reste une menace au-delà du top 5.
Théo Detienne, Baptiste Coatantiec, Aubin Ferrari, Yannick Noël incarnent la relève française, avec des profils variés capables de bouleverser la hiérarchie.
Les vétérans Germain Grangier et Ludovic Pommeret suscitent des questions quant à leur récupération après la Hardrock, tandis que Thibaut Garrivier et Aurélien Dunand-Pallaz restent entourés d’incertitudes après des retours de blessure.
Duel féminin : panache contre data
Courtney Dauwalter, l’énigme
Triple lauréate de l’UTMB, Courtney Dauwalter reste la grande favorite, malgré une saison en demi-teinte marquée par un abandon à Cocodona et une Lavaredo mitigée. Certains évoquent une possible usure, mais son audace et sa capacité à gérer les conditions extrêmes laissent planer la menace d’une nouvelle démonstration.
Ruth Croft, la rigueur scientifique
Deuxième l’an passé, Ruth Croft incarne l’approche analytique, s’appuyant elle aussi sur Enduraw data. Son profil tranche avec l’instinct brut de Dauwalter. Ce duel illustre une question centrale : dans le trail moderne, l’audace et le panache peuvent-ils encore triompher face à la planification scientifique ?
Les autres prétendantes
Abby Hall, dont la récupération après la Western States sera décisive.
Camille Bruyas, qui revient de blessure avec l’ambition de surprendre.
Emelie Forsberg, valeur sûre grâce à son expérience et son état d’esprit positif.
Magali Mellon et Maëva Dahan, jeunes coureuses citées parmi les révélations possibles.
Les autres courses sous les projecteurs
TDS : la sauvage
Course exigeante et réputée pour ses enchaînements de descentes cassantes et de montées abruptes, la TDS voit sa cote grimper avec +37 % d’élites cette année. Longtemps qualifiée de « sous-cotée », elle est aujourd’hui une épreuve à part entière. Manon Bohard y est attendue, tandis que Martin Kern pourrait viser un solide top 30.
OCC et CCC : densité et vitesse
OCC : rapide et roulante, elle attire des athlètes comme Jim Walmsley, qui l’utilise comme préparation idéale. Des surprises pourraient émerger d’Asie, notamment de Chine.
CCC : chez les femmes, duel annoncé entre Blandine L’Hirondel, grande favorite, et Tony McCann. Chez les hommes, Francesco Puppi intrigue, mais le format pourrait ne pas correspondre pleinement à son profil de coureur de montagne.
Les outsiders français sont nombreux sur ces formats plus courts : Hugo Deck, Loïc Roland, Candice Fertin, Marie Goncalves, Simon Paccard, Arnaud Bonin, Julie Roux, Audrey Tanguy, Loïc Robert, Anthony Felber, Sébastien Poesy…
Le décor reste unique, mais fragile. Un éboulement mortel récent a rappelé la dangerosité du massif. Le réchauffement climatique accroît l’instabilité des pentes, obligeant l’organisation à préparer plusieurs plans de secours. La météo pourrait être un facteur décisif, avantagent les coureurs habitués au froid et à l’humidité.
Au-delà des jambes, la montagne impose une pression psychologique extrême. Certains coureurs arrivent « déjà usés » au départ. Les 80 premiers kilomètres jusqu’à Courmayeur seront, comme souvent, un révélateur impitoyable des forces en présence.
Une édition sous tension
Jamais l’UTMB n’a semblé aussi ouvert. Entre un François D’Haene lancé dans une quête historique, un duel féminin opposant panache et data, et un plateau d’outsiders d’une densité rare, l’édition 2025 promet des récits mémorables.
Chamonix s’apprête à vibrer au rythme des duels, des révélations et des incertitudes que seule la montagne peut imposer.