UTMB Index: quand Mathieu Blanchard allume la mèche

“Pas de colère, juste ce doux mélange entre incompréhension et fascination.” C’est par ces mots que Mathieu Blanchard, figure incontournable du trail mondial a mis les pieds dans le plat: l’UTMB Index, cet outil de référence censé classer les traileurs du monde entier, soulève chez lui autant de questions que de doutes. Et visiblement, il n’est pas le seul.

Mathieu Blanchard (Photo - Cyrille Quintard - MaXi-Race)

UTMB Index : un algorithme bien huilé… mais un peu déconnecté ?

Pensé pour structurer le classement des traileurs à l’échelle internationale, l’UTMB Index repose sur une formule rigoureuse.

Il se divise en quatre catégories : 20K, 50K, 100K et 100M, définies selon le kilomètre-effort (distance cumulée au dénivelé positif).

Pour être classé dans une de ces catégories, il faut avoir terminé au moins une course correspondante au cours des 24 derniers mois. Ensuite, l’index est calculé à partir de la moyenne pondérée des cinq meilleures performances sur les 36 derniers mois.

Chaque performance est notée en fonction du temps de course, de la difficulté du parcours et du niveau des concurrents.

Le système ajuste ensuite ces données pour générer un score individuel allant de 0 à 1000.

Plus l’indice est élevé, plus le coureur est classé haut dans l’échelle de performance globale. Un UTMB Index valide donne aussi accès à des avantages concrets : tirages au sort pour les courses phares du circuit, meilleures vagues de départ, et accès prioritaire aux inscriptions.

“Premier petit vertige…”

Dans une story Instagram postée sur son compte le 19 mai 2025, Mathieu Blanchard partage une expérience très concrète : sa 2e place sur l’Ultra-Trail Snowdonia by UTMB (100K).

Il s’étonne de la faible variation de score entre deux éditions pourtant très différentes :

« Le troisième, Keith [Wigley] (12h18) met 23 minutes de moins que le premier de l’édition 2024 (12h41), c’est énorme à ce niveau sur cette distance… et obtient quasiment la même cote. Premier petit vertige. »
— Mathieu Blanchard

Son constat : l’exigence accrue de l’édition 2025 ne semble pas avoir été prise en compte dans le calcul du score.

Résultat : une performance objectivement plus solide, mais pas mieux valorisée.

Mathieu Blanchard et Jon Albon sur Snowdonia 2025 (Photo - UTMB)

L’ultra, ce n’est pas que des chiffres

Blanchard ne s’arrête pas à la critique sèche. Il nuance, avec cette lucidité qu’on lui connaît :

« Parfois, l’UTMB Index me laisse un peu perplexe. […] Mais cette part d’irrationnel, ce flou dans l’ultra trail, c’est peut-être ce qu’il nous reste de magique dans un monde qui veut tout mesurer. »
— Mathieu Blanchard

Et c’est justement là que le débat devient passionnant. Peut-on vraiment faire entrer la nature, la météo, l’état de forme du jour, la magie ou le chaos d’une course dans un algorithme ?

La prise de parole de Mathieu Blanchard met en lumière un paradoxe : le trail cherche à se structurer pour gagner en lisibilité et en reconnaissance… mais risque, à force de tout cadrer, d’en perdre l’essence.

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